Lucie Basch

Lucie Basch semblait destinée à une carrière classique. Née au cœur de Paris, elle poursuit des études d’ingénierie à l’École Centrale, obtenant son diplôme en 2014. Rapidement repérée par Nestlé, elle part travailler au Royaume-Uni pour optimiser la productivité des usines, cherchant à produire plus vite et à moindre coût. Cependant, elle se heurte au gaspillage alimentaire systématique lié à ces pratiques, ce qui la perturbe profondément.

Après deux ans dans cette position confortable mais insatisfaisante, elle démissionne et se rend en Scandinavie. Durant quatre mois, elle refuse de regarder les offres d’emploi, inspirée par une citation de Steve Jobs : « Il faut mettre toute votre énergie au service de votre passion ! » Elle apprend les bases du codage, ce qui lui permet d’imaginer Too Good To Go, une application visant à réduire le gaspillage alimentaire. Ne pouvant concrétiser seule cette idée, elle rejoint la communauté OuiShare où elle rencontre des entrepreneurs partageant sa vision. Ensemble, ils formalisent le projet en 2016, l’année où la France adopte une loi incitant les distributeurs à réduire le gaspillage.

Lancée à Lille et Paris, Lucie Basch commence à convaincre les petits commerçants de rejoindre sa plateforme. Le concept est simple : les commerçants préparent des paniers « surprises » avec les invendus de la journée, vendus à prix réduit. Malgré des débuts difficiles, elle parvient à lancer l’application en juin 2016. Dès octobre, elle reçoit la première demande spontanée d’un commerçant souhaitant rejoindre le réseau, une véritable victoire.

La start-up connaît une croissance rapide. En un an, l’équipe passe de 4 à 31 membres, et Too Good To Go enregistre une croissance mensuelle de 45 %. Aujourd’hui, elle collabore avec 3.000 commerçants et compte un million d’utilisateurs actifs, sauvant entre 6.500 et 7.000 repas par jour. Le modèle économique de l’entreprise, basé sur une commission d’un euro par panier vendu, attire les investisseurs, permettant à Lucie Basch de lever des fonds significatifs.

Présente dans plusieurs pays européens, Too Good To Go s’attaque maintenant à divers types de produits et envisage des partenariats avec les cantines scolaires et d’entreprises. Des fleuristes montrent également de l’intérêt pour la plateforme. Lucie Basch observe de près les modèles de plateformes comme Airbnb et Uber pour structurer la croissance de sa start-up. Elle applique les principes de l’entreprise libérée, laissant ses équipes prendre des décisions tout en veillant à ce que tout le monde avance dans la même direction. Elle envisage également de mettre en place un outil de partage du capital au sein de Too Good To Go.

Lucie Basch a reçu plusieurs distinctions pour son engagement, notamment le Prix Margaret 2018 lors de la Journée de la femme digitale, où elle a été désignée « Femme entrepreneure de l’année ».
Aujourd’hui, une personne sur quatre en France a téléchargé l’application, et quatre repas sont sauvés chaque seconde. L’entreprise s’apprête à franchir la barre des 300 millions de repas sauvés.
Lucie Basch s’implique également dans d’autres initiatives visant à transformer le système alimentaire, comme « C’est qui le patron?! » depuis 2022.

Elle reste déterminée à utiliser l’entreprise comme un levier puissant pour changer le monde, s’attaquant aux défis de la souveraineté alimentaire et du gaspillage. Sa vision et son engagement font d’elle une figure incontournable dans le domaine de l’entrepreneuriat social.